Le
Journal
N° 5
Mars 2003
Sommaire
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LAICITE -
TOLERANCE -
CITOYENNETE
Des intervenants de qualité,
une assistance attentive,
un débat animé,
d’émouvants témoignages,
des interventions judicieuses et
pertinentes,
la soirée sur le thème
LAICITE – TOLERANCE – CITOYENNETE
organisée le 23 janvier
dernier
par le Mouvement contre le Racisme
et l’Antisémitisme (MRAP)
de Saint-Quentin
fut un incontestable succès.
Répondant à son invitation,
Trappes au Coeur poursuit le dialogue
et vous livre sa réflexion
:
Sur les problèmes locaux
ayant amené le MRAP
à organiser ce débat
:
· Incendie de la synagogue
:
les conclusions de l’enquête
de police retiennent la thèse de l’accident.
· Edification d’une mosquée
:
si aucune opposition ne peut être
admise à cette construction sur le territoire de la ville, c’est
le gigantisme d’un projet paraissant démesuré par rapport
aux besoins trappistes qui pose question.
· Deux enseignantes reconnues
pour leur probité et leur engagement auprès des enfants de
notre ville sont poursuivies en justice après la publication de
passages d’une interview qu’elles ont accordé à un journaliste.
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Nous souhaitons très profondément
que l’harmonie règne sur notre ville à travers toutes les
communautés religieuses, philosophiques ou ethniques et que le maire
use de toute son influence pour le maintien de la cohésion sociale.
Cantonner le débat sur la
citoyenneté à l’amélioration du savoir vivre ensemble
et du savoir se parler ne nous semble pas prendre en considération
la totalité de ce concept même si la recherche d’une meilleure
cohabitation est toujours souhaitable.
La Citoyenneté, née
en août 1789 à l’occasion de la déclaration des Droits
de l’Homme et du Citoyen, a transformé le sujet irresponsable, serviable
et corvéable de sa majesté catholique le Roi de France, en
citoyen responsable, investi de droits et devoirs, de l’état français.
Première manifestation de
«laïcité d’Etat», cette déclaration tipule
en son article X «Nul ne doit être inquiété
pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation
ne trouble pas l’ordre public établi par la loi».
Ce droit de liberté d’opinion
ne cessera d’être étendu jusqu’à la proclamation des
Droits de l’Homme de l’ONU en 1948. Cette déclaration reconnue par
une majorité d’Etats à systèmes politiques différents,
établissait une primauté en droit des individus et des minorités
sur celui de toutes autorités qu’elles soient politiques ou religieuses.
En distinguant nettement le fait
religieux de la raison pure, la laïcité a permis l’extraordinaire
développement des sciences et des techniques en substituant pour
tout questionnement le doute préalable à la soumission prééatablie
aux autorités aussi prestigieuses et aussi «divines»
soient-elles.
Alors prenons-garde à ne
pas laisser interdire des recherches parce que certains piliers de certaines
traditions s’en trouveraient ébranlées. Faisons également
attention à ce que des droits revendiqués (comme par exemple
celui de mourir dans la dignité) soient refusés parce que
contraires à des valeurs de croyances religieuses.
La tolérance est, faut-il
le rappeler, «l’attitude à admettre chez autrui une manière
de penser ou d’agir différente de celle que l’on adopte soi-même».
Ne serait-ce pas là le commencement de la réflexion menant
au respect de l’autre ? Respect de l’autre possible lorsque l’on a compris
que nombre de réactions d’intolérance sont le fruit de déterminismes
(historique, géographique, économique, social, cultuel et
culturel).
Alors plutôt que de voir en
la tolérance un sentiment condescendant, nous préférons
y voir le point de départ du cheminement intellectuel menant à
la laïcité.
Si vous désirez poursuivre
le débat, faites-nous parvenir vos idées et réflexions
sur ce sujet, nous les publierons dans de prochains numéros. En
ce qui nous concerne, nous souhaitons que d’autres manifestations prennent
le relais de l’initiative du MRAP et sommes disposés à participer
à toute action menée dans ce sens.
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